Do., 28. Nov
Auditorium Ansermet
Lemanic Modern Ensemble
Réalisé en 1925, La Ruée vers l’Or fait partie des 5 premiers long métrages muets de Charlie Chaplin, avec Charlot Soldat, Le Kid, L’Opinion Publique et Le Cirque, films produits entre 1918 et 1928. Les films muets n’étaient alors jamais silencieux : l’accompagnement musical joué pendant les projections faisait entièrement partie de l’expérience cinématographique. Selon les salles, la musique – spécialement arrangée – était jouée par un orchestre, ou improvisée au piano et quelques instruments occasionnels. Fils de deux artistes de music-hall, Chaplin apprend en autodidacte le piano, le violon et le violoncelle, avec l’aide de divers directeurs musicaux avec lesquels il a collaboré. Il aime surtout improviser au piano, et n’a jamais appris le solfège.En tant que réalisateur et artiste complet, Chaplin contrôle tous les aspects du processus de création de ses films, notamment la musique. Lorsque dans les années 30 la question du parlant et de la sonorisation des films se pose, il décide de composer toutes ses musiques, travaillant en collaboration étroite et exigeante avec des compositeurs et arrangeurs qu’il choisit.Ses musiques sont élaborées en lien profond avec la gestuelle du personnage de Charlot, mais sans créer de redite. Il s’agit en quelque sorte d’une musique visuelle, ayant son propre rôle : « Je m’efforçai de composer une musique élégante et romanesque pour accompagner mes comédies par contraste avec le personnage de Charlot, car une musique élégante donnait à mes films une dimension affective. Les arrangeurs de musique le comprenaient rarement. Ils voulaient une musique drôle. Mais je leur expliquai que je ne voulais pas de concurrence, que je demandais à la musique d’être un contrepoint de grâce et de charme, d’exprimer du sentiment sans quoi, comme dit Hazlitt, une œuvre d’art est incomplète ».(Charlie Chaplin – Histoire de ma vie, cité par Caroline Heudiard dans Chaplin et la Musique) Dès « Les Lumières de la Ville » (1931) Chaplin fait le choix de musiques quasi toutes originales.C’est en 1942, qu’il décide de ressortir La Ruée vers l’Or dans une nouvelle adaptation pour un public désormais accoutumé aux films sonorisés. Il compose et enregistre une partition totalement neuve, confiée à la direction de Max Terr, musicien très reconnu.Un témoignage poignant du compositeur David Raskin, qui travailla avec Chaplin sur Les Temps Moderne, montre à quel point pour ce dernier l’idée musicale est fusionnelle avec le geste, l’image, le scénario et la trame dramatique du film. Il exprimait « physiquement » ses idées musicales (chant, piano, geste…) « et le travail se poursuivait dans la salle de projection où Charlie et moi continuions à développer les idées musicales pour les faire correspondre avec ce qui se passait à l’écran… Nous avons passé des heures, des jours et des mois à faire défiler des scènes et des bouts d’actions, et nous nous sommes merveilleusement amusés à peaufiner la musique jusqu’à ce qu’elle soit exactement comme nous la voulions. »(cité par Caroline Heudiard dans Chaplin et la Musique)