Jeudi 12 juin – 2ème concert – Swiss Jazz Orchestra & Christoph Irniger

Do., 12. Jun

Alhambra – Grande salle

LES ATHÉNÉENNES

Jeudi 12 juin – 2ème concert – Swiss Jazz Orchestra & Christoph Irniger - Konzerte

«DRIVING» de Christoph IrnigerSUITE POUR VOIX, VIBRAPHONEET BIG BANDCREATION MONDIALE Swiss Jazz Orchestra & Christoph Irniger Christoph Irniger saxophone ténor, composition & directionGabriela Krapf voixReto Suhner, Reto Annele, Cédric Gschwind Jürg Bucher, Matthias Tschopp saxophonesDave Blaser, Lukas Thoeni, Sonja Ott, Thomas Knuchel trompettesVincent Lachat, Lukas Wyss, Andreas Tschopp, Kristine Solli Oppegaard trombonesSonja Huber vibraphone Philip Henzi pianoSamuel Leipold guitareLorenz Beyeler contrebasseRico Baumann batterie   Christoph Irniger n’a jamais cru aux lignes droites. Dans sa Driving Suite, il traque ce qui vacille, ce qui bifurque. Il s’appuie sur ce que Freud, dans Au-delà du principe de plaisir (1920), a décrit comme le grand conflit intérieur de l’humanité: Éros et Thanatos. Éros, l’instinct de vie, le désir de survivre, de se nourrir, de créer. Thanatos, l’instinct de mort, la pulsion vers la destruction, la haine, la colère. Deux forces qui se confrontent et s’enlacent, moteurs secrets de la pensée et de l’existence. C’est dans cet espace trouble qu’Irniger cherche le son. On pense à ce bois gravé d’Andrea Alciato: Éros et Thanatos marchent ensemble, décochent leurs flèches — dorées pour l’amour, osseuses pour la mort — mais les échangent par erreur. Les vieillards s’enflamment d’amour, les jeunes s’effondrent. Une maladresse? Ou Thanatos a-t-il agi sciemment, jouant une partition plus obscure? Irniger explore ce jeu d’équilibre fragile dans une musique qui ne tranche jamais vraiment. Pour donner corps à cette tension, Irniger s’appuie sur le Swiss Jazz Orchestra, une machine de précision fondée en 2003, devenue une référence du jazz suisse. Avec son mélange de rigueur et de liberté, le big band est le cadre idéal pour cette exploration des forces contraires. La voix de Gabriela Krapf porte les textes comme une incantation, le vibraphone de Sonja Huber ajoute une lumière fragile au cœur de la densité sonore. La suite se déploie dans une architecture mouvante : des mélodies surgissent, s’évanouissent, reviennent. Rien n’est figé, tout est tension. Irniger ne cherche pas à résoudre le conflit. Il laisse Éros et Thanatos coexister, se heurter, se fondre.La musique respire dans cet espace d’incertitude, entre le désir de vivre et la tentation du vide. Une flèche dorée, une flèche osseuse — et le doute qui demeure.