Le sérieux de l'idée d'un poème musical

mer. 19 nov.

Société des Arts Genève

Le sérieux de l'idée d'un poème musical - Conférences

Dans son fameux art poétique de 1874, Verlaine écrit pour commencer : De la musique avant toute chose, Et pour cela préfère l’Impair Plus vague et plus soluble dans l’air, Sans rien en lui qui pèse ou qui pose. » Ainsi la modernité poétique a-t-elle pu tenter de substituer au modèle pictural déduit de l’Art poétique d’Horace (ut pictura poesis) un modèle musical que nuancent pourtant de nombreuses références modernes à la peinture et à l’image pour penser « le propre du poème », notamment chez Apollinaire et sa descendance. L’attirance des poètes pour la musique est le symétrique exact de l’attirance de la musique pour la poésie (Lieder et mélodies le prouvent en particulier). Pourquoi cette musicalité du poème est-elle paradoxale, Baudelaire en venant à songer bizarrement à « une prose musicale sans rythme et sans rime » au seuil de ses Petits poèmes en prose? Pourquoi le caractère poétique de la musique est-il au moins aussi paradoxal ou contradictoire? Comment expliquer la tendance de nombre de poètes à désirer un au-delà des mots et à envier la « musique pure »? Comment comprendre le besoin souvent constaté des compositeurs à employer les mots pour y déployer leur musique ? Pourtant, Hegel spécialement y insiste même si, après Lessing, il définit les deux arts des « arts du temps » : l’élément musical « avant toute chose » ne peut définir la poésie et la musique ne peut, en toute rigueur, être dite poème…