Jeux d'Eau

mer 19 feb 2025

Auditorium Ansermet

Lemanic Modern Ensemble

Jeux d'Eau - Musica lassica

Les 3 œuvres du 3ème concert d’abonnement du LME montrent, chacune à leur manière, un jeu très élaboré avec les paramètres musicaux, des musiques qui inventent leurs propres « règles de jeux ». Dérive 1 fait partie d’une série de pièces brèves que Pierre Boulez composa en marge de l’élaboration de l’une de ses œuvres majeures : Repons.L’écriture est caractéristique de l’auteur : une grande rigueur empreinte d’une réelle liberté, amenant une constante fluidité et un temps suspendu. L’homogénéité de l’harmonie permet aux autres aspects musicaux de s’exprimer pleinement : gestes, élans, textures, mobilité des timbres.Composée en 1984, l’œuvre est dédiée au critique musical britannique William Glock défenseur important de l’avant-garde musicale européenne. Œuvres prophétique composée par Claude Debussy en 1912, Jeux n’est pas sans lien avec l’œuvre de Boulez.Musique de ballet commandée par Serge de Diaghilev sur un argument de Vaslav Nijinski, l’œuvre fut créé le 15 mai 2013 par les ballets Russes au Théâtre du Chatelet, 15 jours avant la célèbre première du Sacre du Printemps qui, dans l’histoire, lui a clairement volé la vedette.Sa création a dérouté par l’extrême nouveauté de la composition : discontinuité du discours, sonorités extrêmement mobiles et éparpillées, ouverture de la forme qui semble se présenter comme un rondeau mais avec un refrain remplacé par « autre chose ». Harry Halbreich évoque une « croissance organique, une prolifération continue ou, à la limite, tout est transition ». Mais cette disparition des points de repère connus est associée à un raffinement inédit de couleurs et de timbres.Dans l’esprit de Diagilew, le scénario de Nijinsky tient en quelques lignes : « …jeux enfantins entre un homme et deux femmes. On se cherche, on se perd, on se poursuit, on se querelle, on se boude sans raison… ». De cet argument apparemment frivole, Debussy tire l’une de ses musiques les plus audacieuse, complexe, mais également passionnée, voire violente. « Il fallut attendre les années 50, et particulièrement la naissance des grandes œuvres de Boulez, pour que la signification de Jeux apparaisse en pleine lumière » (Harry Halbreich in Claude Debussy, éditions Fayard 1980).Composée pour grand orchestre, l’œuvre est proposée par le LME dans une relecture pour ensemble réalisée en 2024 par Nicolas Bolens. Apparemment en contraste avec les œuvres précédentes, bien que composé en 1936, le concertino de Dinu Lipatti assume pleinement son appartenance au style classique. L’immense pianiste roumain, qui enseigna au Conservatoire de Genève de 1943 à sa mort en 1950, fut remarqué notamment pour ses interprétations des musiques de Bach, Mozart, Chopin, Schubert… Mais son génie d’interprète a refusé d’être cloisonné au seul instrument, et a également nourri une importante activité de création. Sa musique reflète les mêmes qualités que son jeu pianistique : raffinement, précision, délicatesse, subtilité de couleurs. Ces qualités – enveloppes stylistiques mises à part – font sans aucun doute écho à celles des œuvres de Debussy et Boulez.

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